21 octobre 2012

On en est toujours là



Le seul fait d'exister, c'était déjà plus que suffisant pour me combler!
Ce malaise d'exister, est-ce qu'il ne vient pas avant tout de ce qu'on se paie le luxe d'être insatisfait, de trouver qu'on ne vit pas à suffisance?
-Yukio Mishima, Le Pavillon d'or

13 octobre 2012

Je préfère t'embrasser

Tu vois l'océan de brouillard, là, dans mon sourire? Bien épais, bien foncé, bien lourd.
Non tu ne vois pas?

Moi je le vois, même sans miroir, chaque fois que j'ouvre grand ma porte pour t'accueillir, toi resplendissante, aveugle, venue d'un autre monde. Tu défiles tout tes cliquetis de bonheur -et autres merveilleux charmes, dans cette épaisse noirceur qui règne ici, toujours prête à bondir pour embrasser, tandis que dans ton dos je dissimule des gaz noirs et nocifs, destinés à personne. Oh, si quelqu’un savait!
Je cherche quelque chose à t’offrir. Je fouille dans l’univers matériel.
Veuillez vous asseoir, mademoiselle.

Et puis du fin fond d’abysses toutes personnelles, je parviens grâce à un système d’alambics, à laisser remontrer quelque atome de joie, vraiment trois fois rien, qui me glisse entre les doigts, pour choir dans ta paume ouverte. L'apparence d'un mot d'accueil. Et là, généralement, tu bondis. Moi je réponds en te faisant l'amour. Un truc emprunté au cinéma.

Je voudrais déposer ma tête dans un autre écueil, loin de toi, pour t’épargner, mais le monde n'est pas du tout vaste. On y trouve à peine de quoi respirer.
Il s'écoule une seconde. Une deuxième. Je ressens un vertige épouvantable, à l'idée de cette masse colossale, noire, toute intérieure, que je déverse à tout moment dans l'univers pour éviter qu'il paraisse quoi que ce soit sur mon visage. Y aura bientôt un trou noir dans le secteur.

Et il me vient parfois l'envie de te raconter tout ça. Mais bien entendu, selon l'usage, comme tu sais, je préfère t'embrasser.