1 novembre 2016

Je te ferai voir des étoiles


Tu m'oublieras longtemps, l'esprit vieux, chiffonné en tapon, comme rabougri.
Tu boiras le thé à satiété, bruyamment, sans parvenir à conscience ; T'en verras sécher les feuilles au beau jour, dans trop de lumière, sans que ça te revienne encore.

Je te ferai voir des étoiles, dans longtemps. 

Tandis qu'ils en sont à réinventer l'absinthe, qu'ils parlent de paix, de globules bleus, d’endroits où l’on pourrait se réfugier en cas d'attaque, les yeux rances, hors de soi, hors de tout tumulte et de tout doute.

Mais ne sachant quel crépuscule choisir.

Nous ne sommes pas maintenant. Nous sommes bien plus tôt, bien plus tard, au milieu d'une nuit polaire qui mène au creux où tu vis. 
Tandis que t'es partie fumer, je cherche à comprendre, tête contre ciel, l'histoire d'un mal à tout casser.

Je te ferai voir des étoiles, un jour, tu sais, quand je t'étranglerai.

6 juin 2016

Bruit d'images


Au commencement il y eut le pied.
Ensuite l'anus. Le ventre. Et les dents.
Et le reste de ce qui s’est écroulé.

Et j’ai peur que ça arrive encore : Que la lumière baisse à l’extrême, comme avec un dimmer, quand tu vas au plus bas. Cette sorte de picotement de l'espace vide qui groove de caquètements tristes en caquètements fluorescents.

Ta face d'enterrement quand ça arrive. Tes gestes de guenon qui a perdu ses petits. 
Ton sourire mort sans rire.

Me rendre dans l'espace en empruntant un corridor d'asphalte.
Trouver une ampoule à cinq ou dix watts.

Boire assez d'eau pour survivre. 

1 mars 2016

Dernières émotions vastes


J’aimerais vivre l’expérience qu’on me tire une balle en pleine face en pleine rue en pleine nuit l’hiver sans raison surtout.
Un soir de sucre à glacer, de poudre à récurer le sang.

L’éléphant maigre et noir, qui se tient derrière les containers dans la ruelle, entre Beaubien et Bellechasse, il remue à peine.

Nous sommes en temps ordinaire.

On marche à demi-mot toi et moi. Je me sens cool dans tes veines.
Ce qui n'a rien de personnel.


3 janvier 2016

Le front froid

Tout le monde s’est perdu : crumble d’asphalte, clôtures tordues, chars à klaxons, empilés comme lumières de Noël scintillantes au fond d’une boîte de carton.

Perdue, aussi, la trace de livres mouillés, mélange de bibles, catalogues et cahiers manuscrits, fondus ensemble dans le crépuscule, iI me semble.

Il en reste un coulis.

Effoiré dans l’univers, le front froid et la pilosité d’un mort, j’ai pensé : Poudrerie du soir, espoir.

Et suite à un malentendu, il a neigé.