8 avril 2013

Moins il y a d'homme, plus il y a d'âme

Depuis que je n'écris plus, je ne vis plus. Je suis comme un stupide papier d'emballage froissé, vide.
Ma tête est à côté de ma tête. Tout tombe par terre, car je ne sais plus où est mon corps. Je suis devenu une machine, ou plutôt un machin. Je ne suis plus tellement humain.
Sept cent dix millilitres de bière dans le frigo, ça me fournit une ambiance. Ça et l'absence de vie, les corps éteints dans les compartiments du bloc, les arbres lavés du dehors, dégoulinants, les poubelles qui dégringolent des balcons à l'éclairage jaune.
Comme il est bon, ce soir, de voir que personne ne s'en préoccupe.

Moins il y a d'homme, plus il y a d'âme.

Seul, je m'autorise à vivre un peu. J'entrouvre la fenêtre (crépitement de la fin du disque), et puis je me déplace dans l'appartement, réapprends à bouger.
On dirait que les forces de l'univers sont inversées, contraires, bienfaitrices pour une fois, comme dans une vieille encyclopédie. Tout est neuf et je peux voir le fil tendu entre les étoiles, les paumes de main moites de la nuit sur terre. Capter cette odeur et cette lumière, déjà sur le point de disparaître.

Je vais la boire, cette bière. Je vais me faire un petit cinéma, voir mes vies défiler dans la pénombre. Me balancer doucement, avec l'espoir que le bateau chavire.

C'était l'idée de départ, partir avec l'espoir de chavirer.

3 commentaires:

  1. Je ne sais pas quoi dire. Pfft. Cé bon, pfft, c'est beau. Je suis tombé en bas de ma barque un instant, et c'est bon de nager dans un moment parfait.

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  2. Je t'ai relu aujourd'hui. En fait a voix haute car nous étions deux. Tu réussis à transporter, à faire naitre. Bravo et merci tout à la fois....

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